Critiques de disques

 

À propos du disque Padre Soler, Grand Prix du disque 1952 :

« Saluons l’audace de cette artiste peu connue qui, pour ses débuts au disque, a choisi ces ravissantes petites sonates “italiennes” du compositeur espagnol... Ce disque est tellement excep­tionnel que l’Académie Charles Cros lui a décerné à une forte majorité le prix du disque. »

             Pierre Guitton, Le Guide du concert,  XXXII/12, 18 avril 1952, p. 193

 

« De tous les grands prix décernés par l’Académie Charles Cros, voilà celui dont je suis personnellement le plus heureux… Nous ne devons pas négliger d’encourager des artistes moins connus, mais excellents, chaque fois que l’occasion se présente. Pour Hélène Boschi, nous avons pu le faire sans même tenir compte du fait qu’elle est moins connue que Schnabel ou Kempff ; son disque est de tout premier ordre, sur le triple plan des œuvres interprétées, de l’interprétation elle-même, et de la gravure. (…)

Son piano sonne magnifiquement ; c’est un des plus beaux enregistrements de clavier que je connaisse. Et quelle respiration, dans la phrase musicale, quelle splendide et jeune musicalité ! Cela sert à quelque chose de jouer, comme le fait habituellement Hélène Boschi, surtout des oeuvres modernes, des compositeurs peu ou pas connus ; cela permet d’attaquer ensuite les oeuvres classiques comme les oeuvres modernes, c’est-à-dire décrassées de toute convention et de tout cliché. »

         Antoine Goléa, Disques, N° 46, mars 1952, p. 175

 

Quelques critiques plus récentes :

 

 Robert Schumann

  « Il reste malheureusement peu de choses du legs discographique d’Hélène Boschi... Ce programme Schumann, rien moins que facile, s’intéresse surtout aux aspects les plus cachés. Dans les Chants de l’Aube, elle évite le piège qui se tend à tout pianiste : sous prétexte que cette œuvre date de la période où Schumann sombrait dans la folie, en donner une lecture bizarre ou désespérée. Rien de tout cela ici : de la simplicité, un lyrisme ample, mais déjà apaisé, rien d’appuyé, dans la plus parfaite tradition classique... »

       Jacques Bonnaure, Répertoire, n° 45, mars 1992

 

  « ...Elle possédait cette faculté rare d’aller au cœur des choses par la simplicité, l’effacement de soi, la probité. »

                              Gregory Thomas, Le Monde de la Musique, n° 53, mars 1992

 

  « ...une schumanienne à l’instinct suffisamment aiguisé pour mettre un peu d’équilibre, de rêve, de composite au sein d’une musique quelquefois difficile à organiser. Ce programme rare permet de juger du poids qu’elle avait su donner dès 1960 aux Intermezzi op. 4... et montre des Fugues op. 72 encore plus anciennes (1954), dégagées de la fausse rhétorique qu’on a pu essayer de leur insuffler parfois... »

                              Étienne Moreau, Diapason, n° 382, mai 1992

 

 

Sonates

 

« La pianiste Hélène Boschi... interprète des oeuvres peu connues des compositeurs espagnols Antonio Soler, qui domina la vie musicale de son pays au 18e siècle, Rafael Anglés, Cantallos et Mateo Pérez de Albeniz, ainsi que des sonates de Mozart et de Clementi. Une musique enjouée, que l’on redécouvre avec ravissement, et à laquelle Boschi communique, par son toucher vivace et spirituel, une vie particulière. »

Isabelle Leymarie, Le Courrier de l’Unesco, octobre 1993

 

« N’était la passion des animateurs de l’Association des amis d’Hélène Boschi, ce CD, constitué d’enregistrements issus de divers catalogues, n’aurait jamais vu le jour. Les amoureux de grand piano leur sauront gré de remettre en lumière une interprète trop ignorée du grand public.... Son répertoire témoignait d’une curiosité immense dont ce disque porte la marque. Enregistrer Soler, Anglés ou Cantallos en 1951 n’allait pas de soi. Dans ces pages s’exprime tout ce qui fait la personnalité de la pianiste française. Son jeu fuit le spectaculaire. Maîtrisé, intériorisé, il ne recourt jamais à des contrastes excessifs et cultive, avec une science instrumentale rare, l’art de la demi-teinte.... Hélène Boschi croit aux ressources du timbre, aux mille nuances de couleur qu’offre le piano à ceux qui savent en apprivoiser les richesses :... legato parfait et art du chant qui expriment toute la substance musicale du texte sans le solliciter gratuitement (l’Adagio de la Sonate KV 576 !). Plaisir aussi parfait dans les deux sonates de Clementi auxquelles l’interprète imprime une poésie et un frémissement irrésistibles. “Il faut que chaque note soit habitée”, répé­tait inlassablement Cortot à ses élèves. Hélène Boschi ne l’oublia jamais... C’est ce qui fait l’inestimable prix de ce CD au programme très cohérent. »

Alain Cochard, Diapason, n° 399, décembre1993

 

   

 

Musique pour deux pianos

 

« Les témoignages de l’art d’Hélène Boschi (1917-1990) sont suffisamment rares pour que chacun de ses enregistrements fasse l’objet d’une attention toute particulière. Et ceux de Germaine Mounier... sont si exceptionnels qu’on doit remercier l’éditeur pour cette résurrection. Ces deux artistes qui avaient en commun une connaissance approfondie de l’instrument formèrent dans les années 60 un duo dont il reste peu de traces. Leur Mozart et leur Clementi témoignent d’un équilibre de pensée, d’une unité de son et d’une identité de conception qui devaient faire honneur au piano français de l’époque. Par sa rigueur et son intégrité, leur suite En blanc et noir  de Debussy se présente comme une lecture fidèle et concentrée... Mais c’est surtout dans l’indomptable Fantaisie contrapuntique de Busoni, ici vaincue par l’autorité... des interprètes, que l’on mesure l’intérêt de leur trop brève collaboration. »                             

Étienne Moreau, Diapason, n° 441, octobre 1997

   

 

Franz Schubert

 

« Hélène Boschi (1917-1990), qui fut l’élève de Cortot et d’Yvonne Lefébure avant de mener une grande carrière, n’a pas été bien servie par le disque. Heureusement qu’une fidèle association d’amis œuvre pour sa mémoire car dans l’avalanche discographique et médiatique, elle risquerait de se trouver engloutie et oubliée. La Sonate en la D 664 a été enregistrée par Musidisc en 1955... On perçoit.... un style très allègre et transparent, quasiment scarlattien dans le finale, simple, cantabile et laissant transparaître l’émotion à nu dans le magnifique “Andante” (…)

   Enregistrée pour Supraphon huit ans plus tard..., la Sonate D 960, jouée sans reprises, peut s’inscrire à l’égal de versions unanimement reconnues… Les tempos sont allants, les deux mouvements extrêmes en particulier sont parcourus d’une constante tension, parfaitement maîtri­sée, sans lourdeur faussement “métaphysique”...

   Quant aux Valses sentimentales, on y trouve la quintessence du charme schubertien. »

                              Jacques Bonnaure, Répertoire, N° 90, avril 1996

   

« Il est possible que le nom d’Hélène Boschi ne soit pas très familier à toute une nouvelle génération d’amoureux du piano, car cette remarquable interprète, décédée récemment, mena avec pudeur une très belle carrière internationale commencée entre les deux guerres... Elle incarne en revanche, pour ceux qui découvrirent la musique dans les premiers temps du 78 tours et au début du microsillon, un art du piano dont certains s’efforcent aujourd’hui de recueillir et de maintenir l’héritage.

L’art d’Hélène Boschi, comme celui de Cortot, était avant tout celui du toucher, de l’intelligence et de la sensibilité. Il était particulièrement adapté à des œuvres comme ces pages de Schubert... Il y a sous les doigts d’Hélène Boschi une vie et un charme irrésistibles qui ne peuvent que toucher tout amateur de piano. Plus tardif puisqu’il date de 1963, l’enregistrement de la célèbre Sonate en si bémol majeur rend meilleure justice au toucher de la pianiste, avec toujours cette invention et cette vérité dans le phrasé, dans l’accentuation, qui vont à l’essentiel de l’âme de Schubert... »                              

Gérard Mannoni, Le Monde de la Musique, N° 197, mars 1996

 

 

Musique française

 

«... Ici, l’Association des Amis d’Hélène Boschi a réuni des œuvres de compositeurs de l’école française, où elle montre toutes ses qualités d’élégance et de précision... »

                Jean Malray, Journal de la Confédération Musicale de France, n° 483, août 1999

   

« Un nouveau bonheur pour les inconditionnels de la grande pianiste ! D’autant plus qu’il s’agit, cette fois, d’un récital de musique française, répertoire dans lequel faisaient merveille sa délica­tesse et sa distinction naturelles... »

         Francis Gérimont, L’Éducation musicale, n° 462, septembre-octobre 1999